Le cristallin dans l’œil de la directive 2013/59/Euratom

Le 6 février 2018 est une date importante pour le personnel médical exposé aux rayons X : elle marque l’entrée en vigueur de la directive 2013/59/Euratom. Publiée il y a maintenant plus de 4 ans par la Communauté européenne de l’énergie atomique, cette directive limite notamment la dose équivalente pour le cristallin à 20 mSv par an ou à 100 mSv sur une période de cinq années consécutives.

Une prise en compte croissante de l’exposition du personnel médical aux rayons X

Après avoir pendant de nombreuses années porté une attention particulière à la réduction de l’exposition du patient aux rayonnements ionisants, le législateur insiste désormais plus fermement sur les dangers encore sous-estimés des doses cumulées par les praticiens, susceptibles de provoquer de graves troubles de la santé.

En effet, les équipes médicales des salles de cathétérisme sont soumises de manière constante et répétitive à des rayonnements ionisants, alors que les patients ne le sont que très ponctuellement. Chaque opérateur peut réaliser jusqu’à plusieurs centaines ou plusieurs milliers de procédures par an, correspondant à une dose équivalente reçue après 2 500 à 10 000 radiographies pulmonaires.

Le cristallin dans  la directive 2013/59/Euratom : champs d’application

La directive 2013/59/Euratom limite la dose équivalente pour le cristallin à 20 mSv par an ou à 100 mSv sur une période de cinq années consécutives, pour autant que la dose reçue au cours d’une année ne dépasse pas 50 mSv. En France, la limite de dose équivalente reçue par le cristallin est ainsi abaissée à 20 mSv sur 12 mois consécutifs pour les travailleurs de la catégorie « A », contre 150 mSv auparavant (respectivement 15 mSv et 45 mSv pour ceux de la catégorie « B »).

La dose équivalente correspond à la dose absorbée par un tissu ou un organe (telles que les mains ou les yeux). La dose efficace est la somme des doses équivalentes pondérées dans les différents tissus et organes du corps. Pour rappel, sur le territoire français, la dose efficace annuelle corps entier acceptée pour les travailleurs de la catégorie « A » a constamment été réduite, depuis 1928, pour atteindre 20 mSv en 1990 : une valeur toujours valable aujourd’hui.

Une mesure efficace dans la prévention d’un certain type de cataractes

Le cristallin est l’un des tissus les plus radiosensibles du corps humain, et par conséquent, le développement de cataracte est l’une des principales complications observées auprès du personnel de salle de cathétérisme.

En effet, selon l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), une exposition excessive au rayonnement ionisant peut conduire au pliage anormal des protéines du cristallin, modifiant ainsi sa morphologie, et provoquant des cataractes corticales et sous-capsulaires postérieures. Ces deux types de cataractes sont donc symptomatiques d’une exposition répétée aux rayons X et diffèrent de la forme nucléaire, forme la plus commune de cataracte liée à l’âge.

Radioprotection accrue dans les cath labs

L’entrée en vigueur de la directive 2013/59/Euratom marque une véritable avancée vers la réduction de l’exposition du personnel médical. Avec cette nouvelle norme, la tendance de mise en œuvre du principe de précaution se confirme clairement avec comme corollaire, une radioprotection renforcée dans les blocs opératoires. A cet égard, un rapport de l’IRSN rappelle que, malgré la difficulté d’évaluer l’exposition du cristallin, il existe des moyens efficaces de radioprotection connus pour la radiologie interventionnelle : tels que les lunettes plombées, les visières plombée, les écrans plafonniers et les cabines de radioprotection.

Pour en savoir plus, téléchargez ici le livre blanc sur les dangers des rayons X en salle de cathétérisme interventionnelle.