Jean-Lou Blachier, vice-président confédéral de la CGPME

3 questions à Jean-Lou Blachier, vice-président confédéral de la CGMPE

Jean-Lou Blachier est vice-président confédéral de la CGPME (Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises en France) et président de l’Union Territoriale des Petites et Moyennes Industries. Depuis deux ans, il faut ajouter à son « palmarès » un titre supplémentaire : celui de médiateur des marchés publics. Nommé par le Président de la République française, par décret du 19 décembre 2012, Jean-Lou Blachier, qui est aussi et toujours entrepreneur, a pour mission de favoriser l’accès des entreprises aux 200 milliards de commandes publiques ou parapubliques en France. Une tâche hautement stratégique où son talent de négociateur se met au service de l’économie française pour faire se rencontrer les acheteurs et les PME innovantes. À ce jour, un millier d’acheteurs publics ont été approchés ainsi que plus de 8 000 entreprises, dont Lemer Pax. 

 Quelle est la mesure emblématique, selon vous, à mettre en oeuvre rapidement pour que les acheteurs et PME innovantes se rejoignent sur le terrain du gagnant-gagnant ?

 Jean-Lou Blachier : Aujourd’hui, les acheteurs français sont pénalement et personnellement responsables trois ans après avoir passé un marché. Cette pénalisation est nettement plus contraignante que dans les autres pays de l’Union européenne et a pour conséquence d’handicaper les entreprises innovantes. Cette disposition du code des marchés publics annihile toute prise d’initiative et suscite la frilosité des acheteurs. Cela provoque même une surenchère. À la parution d’un appel d’offres l’acheteur ne doit pas rencontrer les entreprises, mais le dialogue entre acheteurs publics et entreprises peut être ouvert en dehors de la phase de passation. Il est important d’aller à la rencontre des acheteurs publics pour faire connaître l’entreprise et ses produits. Nous discutons avec la direction des affaires juridiques de Bercy pour voir comment faire évoluer cette responsabilité pénale très lourde. Cela créerait un climat de confiance propice à une meilleure connaissance mutuelle et au développement d’un partenariat fécond.

La massification des achats hospitaliers valide une logique d’approvisionnement et réduit le champ d’action des entreprises innovantes. Comment infléchir cette tendance pour aider les PME à rencontrer le marché ?

Jean-Lou Blachier : Avant d’être le médiateur national des marchés publics, je suis moi-même entrepreneur et donc très attentif aux problèmes des entreprises. C’est d’ailleurs mon plan de bataille ! Les points bloquants les plus rencontrés par les entreprises ont été ciblés et début octobre le décret d’application relatif aux mesures de simplification des marchés publics est entré en vigueur en France. Rien ne pourra plus arrêter ce mouvement. La plupart du temps, il ne faut pas faire de la massification et je me démène dans ce contexte pour donner leur chance aux PME. Si vous faites de la massification vous n’aurez pas de petites entreprises peut-être même pas d’entreprises françaises pour répondre aux appels d’offres. Les donneurs d’ordres publics  centrales d’achats commencent à entendre mon discours. Il faut libérer l’activité et restaurer une plus grande égalité des chances économiques.

L’innovation peut-elle accélérer ce mouvement en faveur des PME ?

Jean-Lou Blachier : Le décret paru au J.O. le 26 septembre dernier a pour objectif de faciliter la passation de marché public à visée innovante, en créant le partenariat d’innovation, conformément aux directives européennes. Une entreprise comme Lemer Pax doit bénéficier de ces nouvelles mesures. La logique stricte du moins-disant n’est pas toujours la solution la plus raisonnable en termes de coûts. Le prix ne doit pas être le seul critère de décision. Dans le domaine hospitalier notamment, il est préférable que les praticiens étrangers qui viennent se former dans nos hôpitaux le fassent sur du matériel français. Cela tombe sous le sens pour que les PME ensuite engrangent des résultats à l’export.